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lundi 13 juillet 2015

La Tiers-Mondialisation (2)

Ecrit en décembre 2012
La Tiers-Mondialisation (2)
L'Europe sombre dans la Tiers-Mondialisation....

La faute à la mondialisation néolibérale
L’origine est à rechercher dans la mondialisation néolibérale, imposée, qui a d’abord déstructuré les sociétés du Sud et les a remodelées pour une exploitation maximale au profit du capitalisme financiarisé. Par la suite, la mise en concurrence des hommes et des institutions sur l’ensemble de la planète a permis d’étendre au Nord la dynamique néolibérale d’ajustement structurel. Malgré les tentatives répétées de manipulation de l’opinion, la grande majorité de la population reste hostile à l’intensification néolibérale, étant donné ses conséquences sociales désastreuses. Ainsi, dans tous les cas, la mutation des structures se voit finalement imposée sous la contrainte de l’endettement.

La dette souveraine comme contrainte
C’est à l’occasion de marasmes majeurs que de profonds changements peuvent intervenir, qu’ils soient spontanés, dirigés, ou imposés. Les guerres, par exemple, sont un moyen de faire table rase et de réinitialiser le « jeu » ou bien d’en changer les règles. Lorsqu’il devient un fardeau insupportable et qu’il débouche sur une crise, l’endettement peut être un vecteur de changement, favorable au bailleur ou, au contraire, s’opérer à son détriment.
L’exemple de la crise de la dette des pays du Sud, au début des années 1980[1], peut fournir une grille de lecture intéressante. Les institutions financières internationales (FMI, Banque Mondiale…) vont « sauver » les pays surendettés en leur accordant des prêts pour rembourser les banques créancières qui avaient mal « apprécié » les risques. Une manière pour elles de socialiser leurs pertes. L’octroi de l’aide est, bien entendu, conditionnée par l’adoption, par les pays bénéficiaires, de politiques de rigueur (les PAS : programmes d’ajustement structurel) et de libéralisation - privatisations, aptes à rétablir la « crédibilité », la « confiance » et à dégager des marges de manœuvre financières pour le remboursement de la dette.
L’ajustement néolibéral procyclique[2] se traduit alors par une profonde régression ramenant les pays concernés au stade du Tiers-monde d’avant les « miracles ». Bien entendu, les néolibéraux ont eu beau jeu d’incriminer les gouvernements pour ne pas avoir appliqué pleinement et durablement les prescriptions des PAS. En tout état de cause, l’ajustement se traduit par une exploitation accrue du Sud par le pillage de la richesse dégagée (surtout des rentes) qui était précédemment, pour partie, redistribuée sur place. Ce processus régressif de « re-Tiers-mondialisation » entraîne le laminage des classes moyennes constituées pendant les « miracles » et rétablit la structure sociale dualiste typique des pays sous-développés.

Le Nord sous la contrainte
            Pour des raisons de calendrier, le présent essai n’aborde pas vraiment la crise financière de 2008[3]. Mais, l’ogre de la finance, avide de profits jusqu’à l’indigestion fatale, utilise toujours les mêmes armes ou des armes similaires pour arriver à ses fins. Par exemple, un nombre croissant de pays européens se trouve soumis à la pression néolibérale du marché via la nécessité du financement de leur dette souveraine. Pour les  « sauver », les mêmes institutions qui interviennent au Sud, ou des institutions comparables leur accordent leur « aide » à condition que lesdits pays mettent en oeuvre des politiques de rigueur visant à rationaliser leurs structures afin de faire face aux obligations du service de la dette. Pour l’Europe, il s’agit du FMI, de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne, du Fonds européen de stabilité financière, du Mécanisme européen de stabilisation financière… des pays majeurs de l’Union européenne ainsi que des agences de notation. Le point commun de l’ensemble de ces institutions est leur appartenance à la mouvance néolibérale et leur engagement au service de la finance internationale.



[1] Cf. Chapitre 3.
[2] On considère que l’activité économique suit notamment des cycles conjoncturels d’expansion – récession. Les politiques qui accentuent la phase en cours du cycle sont appelées pro-cycliques et celles qui vont à contresens sont dites contra-cycliques. Réduire le pouvoir d’achat en période de récession est une politique procyclique.
[3] La rédaction du corps du texte a été achevée au premier trimestre 2008, ce qui fait que la crise financière n’est évoquée qu’au niveau de la conclusion.

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