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mercredi 5 juin 2013

L’avenir sombre de nos enfants et de nos petits-enfants

 
Jadis, les enfants avaient grand espoir (souvent avec raison) de vivre dans de meilleures conditions que leurs parents. Depuis de nombreuses années, cet espoir s’est progressivement dissipé et l’avenir de nos enfants et de nos petits-enfants s’assombrit de plus en plus.

Cette dynamique s’insère dans le cadre du processus de tiers-mondialisation de la planète engendré par la mise en œuvre des politiques néolibérales depuis le début des années 1980. Comme souvent dans l’Histoire, la France est à la pointe du mouvement.

Les statistiques s’accumulent révélant le sous-développement graduel de notre pays. Dans un précédent article « La France en marche vers le Tiers-Monde ? »[i],  j’ai montré que, selon les résultats publiés dans  le Rapport sur le développement humain 2013, par le Programme des nations unies pour le développement (PNUD), la France s’enfonçait inéluctablement dans les tréfonds du classement des nations selon l’indicateur du développement humain (IDH).

 Le processus de sous-développement de la France semble devoir perdurer si l’on en croit le magazine The Economist. En effet, ledit magazine publie un classement des pays où il fait bon naître au cours d’une année donnée. Ce classement est fondé sur un indice calculé sur la base de 11 indicateurs : « certains sont des facteurs fixes, tels que la géographie, et d’autres ne changent que très lentement au fil du temps (démographie, de nombreuses caractéristiques sociales et culturelles), et certains facteurs dépendent des politiques et de l’état de l’économie mondiale »[ii].

L’indice tente « de mesurer quels pays vont fournir les meilleures opportunités pour une vie saine, sûre et prospère dans les années à venir »[iii] pour un bébé de l’année.  Il apparaît intéressant de comparer les résultats du classement de 2013 avec ceux de 1988, un quart de siècle auparavant. Le tableau ci-dessous retrace l’évolution du rang en 2013 des vingt premiers pays du classement de 1988.


En 1988, il faisait bon naître aux États-Unis (1er) et en France (2ème) certainement en raison des perspectives futures de haute qualité de vie. Parmi les vingt premiers du classement on retrouve, sans surprise, les pays développés appartenant à l’OCDE.

 Vingt-cinq années plus tard, le classement est bouleversé. Les premiers de la classe ont sombré dans les profondeurs du classement. Le naufrage le plus important est celui de la France qui passe de la 2ème position à la 26ème soit une chute de 24 rangs… qu’on ne saurait évidemment imputer aux Présidents qui se sont succédés à la tête de notre pays pendant la période envisagée : François Mitterrand, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande. À la limite on pourrait dire qu’ils sont responsables, mais pas coupables. Les coupables sont, in fine, les électeurs qui, par leur vote, les ont portés au pouvoir. À l’instar de l’entreprise, la démocratie moderne est caractérisée par une relation « d’agence » dans laquelle le « principal » (actionnaire - électeur) délègue son pouvoir à un « agent » (PDG – élu) afin que celui-ci gère au mieux des intérêts dudit principal : l’entreprise ou l’État. Le risque est grand que l'agent (PDG-élu) s’éloigne de sa mission initiale pour gérer l’institution au mieux de ses intérêts propres et de ceux de ses amis, de ses obligés, de ses sponsors… et ce, d’autant plus facilement que l’agent bénéficie d’une asymétrie d’information par rapport au principal. L’instrumentalisation de la relation d’agence politique par les agents-élus est au cœur du déclassement de la France.

À titre de consolation, on peut constater que notre dégringolade a été accompagnée par celles du Japon (- 19 places), du Royaume-Uni (- 19 places), de l’Italie (- 17 places) et des Etats-Unis (- 15 places).

Par contre, des petits pays (Suisse, Nouvelle Zélande…) ainsi que ceux du Nord de l’Europe (Norvège, Suède, Finlande…) progressent dans le classement. Il est à noter qu’un seul membre de la zone euro est présent dans les dix premiers en 2013 : les Pays-Bas (8ème).

Que faire ? Émigrer vers des pays bien classés pour que nos enfants et nos petits enfants aient des chances de bien vivre ? Pour cela, il faudrait fuir notre pays. D’aucuns l’ont fait pendant la dernière guerre, mais d’autres sont restés pour résister jusqu’à la victoire, pour élaborer et pour proposer ensuite un projet susceptible de générer des jours heureux pour eux-mêmes et pour leur descendance.


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